La statistique est implacable : chaque année, plus de 500 000 Français basculent dans la tranche des 75 ans et plus. Mais derrière ce chiffre, une réalité fiscale méconnue attend nombre de propriétaires : l’exonération totale de la taxe foncière sur la résidence principale, à condition de remplir certaines cases. Le dispositif, loin d’être automatique, repose sur un équilibre subtil entre âge, revenus et démarches administratives.
Lorsqu’un propriétaire âgé quitte son domicile pour un établissement spécialisé ou tarde à signaler un changement, il risque de voir filer un avantage non négligeable. La règle fiscale, stricte et parfois opaque, laisse certains seniors sur le bord de la route. Pourtant, les contours du dispositif méritent d’être connus pour éviter les mauvaises surprises, ou les oublis coûteux.
À partir de 75 ans : qui peut bénéficier de l’exonération de la taxe foncière ?
Passer le cap des 75 ans n’est pas qu’un chiffre sur le calendrier. Pour les propriétaires immobiliers, c’est l’accès possible à une taxe foncière allégée, ou même effacée, sur la résidence principale. Mais ne vous fiez pas à une simple question d’âge. L’administration fiscale pose d’autres conditions avant de valider l’exonération taxe foncière.
Premier critère : l’âge atteint au 1er janvier de l’année d’imposition. Si la 75e bougie a été soufflée au plus tard le 31 décembre de l’année précédente, la première barrière est franchie. Toutefois, l’exonération se limite à la résidence principale. Les résidences secondaires ou logements loués n’entrent pas dans le champ de l’avantage.
Pour aller plus loin, regardez le niveau de revenus affiché sur votre avis d’imposition. L’administration vérifie que le revenu fiscal ne dépasse pas un plafond, ajusté chaque année et variable selon la situation familiale.
Dans le cas d’un couple marié ou pacsé, chacun doit avoir atteint 75 ans pour ouvrir droit à l’exonération, sauf cas particulier lié au veuvage. Les usufruitiers sont également concernés dès lors qu’ils remplissent les conditions d’âge et de ressources.
Critères d’âge, de revenus et situations particulières : ce qu’il faut savoir
L’âge ne suffit pas : la suppression de la taxe foncière est réservée aux foyers dont le revenu fiscal de référence ne franchit pas le seuil officiel, progressivement revu chaque année selon la composition du ménage. Cette information figure sur l’avis d’impôt sur le revenu.
La règle de base reste invariable : seule l’habitation principale profite de l’exonération. Maison secondaire ou logement inoccupé restent soumis à l’impôt, sauf en cas d’absence totale d’occupation ou de location. Si le conjoint est décédé l’année précédente, le conjoint survivant garde le droit à exonération, sous réserve de respecter la limite de ressources fixée.
À souligner : certains bénéficiaires de l’ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées) ou de l’AAH (allocation aux adultes handicapés) accèdent à l’exonération sans attendre d’avoir 75 ans, dès lors que le revenu fiscal de référence s’y prête. Sur le plan fiscal, c’est cette ligne officielle qui sert de référence, pas le montant brut de la retraite.
D’autres cas de figure existent, comme la présence d’un enfant à charge, une succession en cours ou un départ en logement spécialisé. Dans ces situations, l’application de l’exonération s’adapte et il reste judicieux de se renseigner précisément pour ne pas passer à côté d’un droit.
Quelles démarches effectuer pour demander l’exonération ?
En règle générale, les propriétaires concernés constatent l’exonération de taxe foncière appliquée automatiquement. L’administration fiscale recoupe âge et revenu fiscal de référence à partir des déclarations, et l’information s’affiche sur l’avis de taxe foncière sans démarche spécifique.
Néanmoins, certaines situations nécessitent un signalement actif : changement d’adresse, évolution de la composition du foyer ou circonstances particulières peuvent exiger une demande d’exonération formelle. Il suffit alors de contacter le centre des finances publiques et de transmettre les éléments requis : avis d’imposition, justificatif d’identité, preuve d’occupation principale ou notification d’allocation (ASPA, AAH si applicable).
Pour ne rien omettre, suivez ce cheminement :
- Vérifiez sur votre avis de taxe foncière si l’exonération est bien mentionnée.
- Si la mention n’apparaît pas ou en cas d’incertitude, formulez une demande auprès des finances publiques en joignant tous les justificatifs nécessaires.
- Gardez une copie de l’ensemble des documents transmis, cela vous servira si une nouvelle demande doit être faite ou en cas de contrôle.
Mieux vaut anticiper ces démarches avant la fin de l’année d’imposition pour profiter de l’exonération sur l’année en cours. Un dossier complet permet de déclencher le dégrèvement de taxe foncière dès la prochaine émission de l’avis d’impôt.
Cas des personnes en EHPAD, exemples concrets et réponses aux questions fréquentes
Départ en EHPAD : Nombreux sont les propriétaires qui rejoignent un établissement pour raisons médicales. Dans ces circonstances, tant que le logement n’est pas occupé ou loué, l’exonération de la taxe foncière subsiste. Cette politique vise à ne pas désavantager ceux dont la santé exige un hébergement en structure spécialisée. L’administration fiscale maintient donc l’exonération sur la résidence principale, même si l’occupant habite temporairement ailleurs.
Exemple concret : Madame Lefèvre a fêté ses 82 ans lorsqu’elle quitte définitivement son appartement pour un EHPAD. À condition que personne n’occupe l’ancien logement et que ses ressources ne passent pas le plafond, l’exonération de taxe foncière continue de lui profiter, année après année.
Questions fréquentes : ce que prévoit la loi
Pour offrir plus de clarté, voici quelques situations rencontrées et comment elles sont traitées :
- Si le logement est mis en location ou occupé par une autre personne, la taxe foncière doit être réglée de nouveau.
- La taxe d’enlèvement des ordures ménagères reste toujours à la charge du propriétaire, que le logement soit occupé ou non.
- Un usufruitier peut prétendre à l’exonération à condition de respecter les plafonds de ressources et l’âge requis.
Aussitôt qu’une situation évolue, le réflexe doit être d’avertir l’administration fiscale. Dès la moindre question sur un dossier particulier, il est utile de solliciter les finances publiques afin d’obtenir des réponses nettes, adaptées au cas de chacun.


